Kanye West, de passage chez Facebook, a eu l’idée de déclamer a capella des extraits de son prochain album (à sortir à la mi-septembre). Les images témoignent d’un sacré moment de n’importe quoi.

Dans quelle dimension ? Dans quelle dimension une popstar comme Kanye West peut-elle ainsi slammer sans gêne devant une assemblée de sages employés de la société Facebook ? Bien sûr cet épisode n’est que le dernier d’un feuilleton showbiz qui a souvent pris les MTV Music Awards comme décor (on se souvient de ses différentes irruptions quelque peu déconcertantes lors de la cérémonie) et s’est offert Barack Obama en guest star. Mais depuis deux ans, cette dimension parallèle a presque remplacé la musique de Kanye West pour devenir la partie la plus saillante de son œuvre, reléguant à l’arrière-plan ses histoires d’université et de petits oursons en dessin animé. Kanye obéit désormais à la loi d’un spectacle permanent, où chaque news doit s’accompagner d’une nouvelle façon de la produire. Au moment où l’on vante le marketing à 360 degrés d’une Lady Gaga, l’ancien rat de studio (rappelons ses débuts de beatmaker anonyme pour Jay-Z) a lui aussi intégré le principe de l’artiste comme marque, mais sa créativité et son ego confèrent à chacune de ses apparitions un caractère toujours plus embarrassant. L’incroyable confiance en soi dont témoigne cette prise de parole apparaît comme une révélation : dans une dimension qui est la sienne et où le ridicule est devenu un droit de l’homme, Kanye West est un prophète.

Guillaume Heuguet