Kanye West, de passage chez Facebook, a eu l’idée de déclamer a capella des extraits de son prochain album (à sortir à la mi-septembre). Les images témoignent d’un sacré moment de n’importe quoi.
Dans quelle dimension ? Dans quelle dimension une popstar comme Kanye West peut-elle ainsi slammer sans gêne devant une assemblée de sages employés de la société Facebook ? Bien sûr cet épisode n’est que le dernier d’un feuilleton showbiz qui a souvent pris les MTV Music Awards comme décor (on se souvient de ses différentes irruptions quelque peu déconcertantes lors de la cérémonie) et s’est offert Barack Obama en guest star. Mais depuis deux ans, cette dimension parallèle a presque remplacé la musique de Kanye West pour devenir la partie la plus saillante de son œuvre, reléguant à l’arrière-plan ses histoires d’université et de petits oursons en dessin animé. Kanye obéit désormais à la loi d’un spectacle permanent, où chaque news doit s’accompagner d’une nouvelle façon de la produire. Au moment où l’on vante le marketing à 360 degrés d’une Lady Gaga, l’ancien rat de studio (rappelons ses débuts de beatmaker anonyme pour Jay-Z) a lui aussi intégré le principe de l’artiste comme marque, mais sa créativité et son ego confèrent à chacune de ses apparitions un caractère toujours plus embarrassant. L’incroyable confiance en soi dont témoigne cette prise de parole apparaît comme une révélation : dans une dimension qui est la sienne et où le ridicule est devenu un droit de l’homme, Kanye West est un prophète.
Guillaume Heuguet
3 commentaires
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août 8, 2010 à 4:31
Romain V
Je pense que kanye utilise le ridicule pour faire parler de lui, ça a souvent été prouvé que c’est ce qui marche le mieux.
août 15, 2010 à 1:58
Fil
Kanye West qui rappe devant une assemblée ? A quoi vous attendiez-vous ? A une conférence sur le management interculturel dans le contexte du Web 2.0 ?
La vidéo parle d’ailleurs d’ele même: l’assistance, Iphones et autres HTC à la main, ne sont bien là que pour une performance live du chanteur. Ces derniers ne paraissent pas du tout embarassés, bien aucontraire.
Pourquoi un tel procès à charge, qui ne s’explique que par un dérapage aux MTV Awards ? L’utilisation péjorative de « beatmaker » dans votre article, au lieu du terme plus approprié de producteur montre d’ailleurs bien votre point de vue ferme et définiif sur l’artiste, quoi qu’il fasse. Soit dit en passant, c’est lui qui a produit les meilleures chansons de l’album « The Blueprint » de Jay-Z.
Oui, Kanye West débute la promotion de son nouvel album et ce n’est pas plus embarassant de faire ça devant les employés de Facebook et Twitter que d’aller se prostituer dans des shows tv où l’on vous oblige à faire des jeux ou des sketchs pour paraitre sympa et abordable aux yeux du public.
Pourquoi à votre avis un tel choix de la part de Kanye ? Twitter et Facebook ? Ne seraient ce pas les deux plus importants réseaux sociaux du web ?
Kanye West a bien compris que le buzz est désormais le meilleur moyen de promouvoir un album ou toute autre forme d’art (le buzz, qui est d’ailleurs un des sujets que vous traitez régulièrement dans votre magazine). Le faire débuter par l’intermédiaire des créateurs et gérants des plus importants réseaux sociaux me paraît être au contraire une preuve de grande créativité.
Philou
septembre 12, 2010 à 2:19
Curufinwe
Je me permet d’ajouter le lien vers un billet concernant Monsieur West.
http://millefeuillescurufinwe.blogspot.com/2010/09/how-west-won.html